Le
concert imaginé
Nery
et Jeanne Cherhal
Ivry
/ Paris
Décembre 2003 / Février 2004
La
rencontre proposée à l'Heure Bleue l'année
dernière, s'est concrétisée en deux concerts
parisiens cet hiver : Nery et Jeanne C., sur des plateaux différents,
dans des ambiances renforçant l'envie, avant le mois de
mai.
Il
a l'antériorité, de la carrière et du concert,
mais il nous surprend toujours. Nery était en ce samedi
après-midi de décembre sur le plateau du studio-théâtre
d'Ivry. Trois musiciens avec lui, quelques projections et des
lettres accrochées sur les murs. Néry est près
du public, assis, il se met à expliquer comment ils ont
travaillé, avec les habitants d'Ivry, dans leurs appartements,
pourquoi ce spectacle est en chantier ; il joue essentiellement
des morceaux non enregistrés, comme de nouvelles pages
du livre géant qu'il bâtit de ville en ville.
Néry
lit des textes, puis en chante, en tout cas enchante, fait rêver
et voyager. Vers Calvi et son festival du vent (reprise de carnet
de notes, journal intime mis en musique sur son premier album),
vers les Pyrénées et même vers un Mexique
imaginaire pour un rappel hispanisant, nous prouvant qu'il n'y
a pas que Manu Chao qui peut faire des tubes en espagnol. C'est
sobre et beau, poétique en diable, visuel et drôle…
et trop rapidement fini.
L'humour
était la caractéristique première de Jeanne
Cherhal. Elle nous avait convaincus avec un premier album en concert
(a)caustique, entre Juliette et les Elles, certains disaient.
Il y avait du punch, des histoires sordidement drôles et
une manière d'interpeller le public qui ont, avec ses concerts
delermiens, contribué à développer son aura.
Son
nouvel album à peine sorti, Jeanne Cherhal était
pour une dizaine de soirs à l'Européen. La tonalité
paquottienne de l'album, avait surpris à la première
écoute et nous laissait avec cette question : Qu'allait-il
en ressortir sur scène ?
Commençant
son concert par douze fois par an, chanson éponyme sur
ce qui est féminité, Jeanne C., seule au piano,
a conquis son public en un morceau. Fragilité des situations,
mélodie entêtante, tout qui avait plu était
là.
Accompagnée
d'un guitariste complice et plus ou moins électrique, Jeanne
Cherhal propose une épure de son album, loin des arrangements
un peu trop présents de celui-ci. Elle continue à
interpeller le public, avec un peu moins de spontanéité,
c'est la rançon du succès, et offre une leçon
de rythmique que seuls les publics conquis savent suivre.
Toujours
antisocialement ludique, Jeanne Cherhal perd son souffle dans
un marathon rural, garde le sourire, passe des rythmes jazzy aux
sonorités rock et assure, ça va devenir classique,
un rappel en espagnol ; ça change de l'anglais et l'air
trottera dans nos têtes… jusqu'en mai
le
j. de bob ; mars 2004