Charybde et Scylla sont des figures mythologiques qui symbolisent le choix entre le sacrifice calculé ou l'avenir aléatoire de la vie pour tous. Ainsi Debout Sur Le Zinc pose-t-il le décor de son nouvel album : ironie légère, optimisme de bonne guerre, innocence en gravité, la vie comme éternel saut dans l'inconnu et le rêve au bout du tunnel. De Charybde en Scylla est le cinquième album de DSLZ et le préambule peut paraître un brin décalé avec la bonne humeur affichée du groupe, ses mélodies imparables, les voix claires et assurées sur des arrangements au scalpel.
Debout est un groupe un vrai, qui depuis une décennie parcours la France et l’Europe et cultive une variété alternative loin des poncifs de la chanson. Car les apparences sont trompeuses : l’élégante fluidité de leurs couplets cache des réflexions plus subtiles qu'il n'y paraît sur tous nos tracas quotidiens et la qualité poétique de leurs chansons ne cède rien à la popularité du groupe. Sous la plume de ses trois auteurs, DSLZ cache des bijoux d’ironie piqués de malice tel « Sport 2000 » ou l’art de faire le deuil de ses principes, ou encore « J’ai », exercice de style sur le modèle du « Je suis sous » de Nougaro. Dans un autre style, la poésie énigmatique et existentielle de « Fin septembre » et « L ‘invisible » contraste avec « Coup de Foudre » farce joyeuse et onirique, mais s’il est un fil conducteur commun entre toutes, c’est cette plongée dans l’amour et ses vicissitudes (« Scylla », « Aller simple »). Modèle de démocratie participative,
DSLZ écrit individuellement mais produit collectif, chacune des chansons est adoptée à l'unanimité des membres du groupe et c'est à ce titre qu'ils estiment déjà atteindre une bribe d'universalité. Mêmes remarques côté musique : DSLZ est parti d'un concept acoustique pimenté d'une guitare électrique pour intégrer des influences plus proches du rock ; Stéphane Prin, leur réalisateur (aussi pour Murat entre autres) y a contribué. Chacun des titres semble avoir été posé sur la bande tels qu'ils auraient été joué sur scène. Si leur palette d'influences sonores s'étend de Calexico à Taraf de Haïdouks en passant par Leonard Cohen et Joseph Racaille, DSLZ ne cherche pas de recette, quitte à brouiller les cartes, le principe, c'est qu'il n'y en a pas, pas de fatalisme, juste du questionnement, ils se gardent surtout d'un danger, le conformisme.
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