Hell's Kitchen: the devil liked the blues
C'est de la tradition et la modernité la plus âpre et la plus urbaine que le trio s'inspire. Des comparaisons? Inutile, avec Hell's Kitchen, l'exercice n'est pas aussi simple. Mieux vaut présenter en vrac quelques-unes des audaces du groupe. D'abord, les instruments. La percuterie évoque l'attirail de Mère Courage - Washboard, assortiment de couvercles de poubelles, ressorts multiples et tom goliath - et restitue toute la gamme des syncopes urbaines. La contrebassine fait ondoyer les basses et zigzague comme un poisson sous acide tandis que les guitares communiquent une énergie qui ferait swinguer les plus rétifs...
Mais les titres de Hell's Kitchen n'ont pas seulement le don de vous plonger dans la fournaise. Ils vous apprendront en outre à mieux goûter les dérapages, les dissonances et le bottleneck, car le style qu'a choisi le groupe mise sur le risque. L'originalité est partout présente: la voix grince puis chante, s'estompe, réapparait. On la cherche, elle se tait. Vous l'ignorez, elle vous surprend. Et dans tout cela, pas de calcul, pas d'académisme. Hell's Kitchen n'aime ni le papier millimétré, ni les lutrins, le désordre créatif est aux premières loges.
Bref, si vous avez manqué le passage du diable près de chez vous, jetez-vous sur les titres de Hell's Kitchen, ils vous transmettront l'énergie sacrée du saignant et du musical.
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