Aprés la venue à La Bobine de Mendelson et Arnaud Michniak, anciens du label Lithium, c'est au tour des toulousains d'Experience, groupe créé en 2001 par Michel Cloup, tête pensante avec Arnaud Michniak du groupe Diabologum.
Après trois albums (“Aujourd’hui Maintenant”, 2001 ; “Hémisphère gauche”, 2004
et “Positive Karaoke with a gun”, 2005), le quatuor aujourd’hui resserré en trio a ramassé
son propos, retendu ses arcs, acéré ses flèches : “nous (en) sommes encore là”
réaffirme, en l’intensifiant, le propos d’Expérience.
Quelque chose comme une vraie
critique sociale frottée à la fois au hip-hop contemporain et à l’énergie brute de la “no-wave”
new-yorkaise des années où James Chance et Arto Lindsay dictaient leurs règles à
l’Internationale Underground. Depuis, des groupes comme Sonic Youth ou Slint ont fait
fructifier l’héritage en donnant une indiscutable légitimité musicale à cet “art des bruits”
entrevu dans les années vingt par les futuristes italiens et russes.
C’est dans cette lignée-là que s’inscrit Expérience, qui y ajoute, dans ses textes impeccablement
scandés, le bon vieux principe des libertaires de toujours : “rendre la honte plus honteuse encore
en la livrant à la publicité”. Plutôt que de dénoncer, donner à entendre le discours qu’une époque
tient sur elle-même : c’est la meilleure méthode pour ne plus subir les malheurs des temps.
En inventant
une nouvelle synergie entre guitares et électronique, ce quatrième album enregistré à Chicago (Electrical Audio) sous la houlette de Greg Norman
(Detachment Kit, Milemaker, Make Believe,
Pelican, the Tren Brothers), affiche une ambition
mélodique affirmée, sans renoncer aux aspects
les plus expérimentaux qui ont valu au groupe
une solide réputation scénique à l’international – de
l’Espagne à la Russie.
Loin des poses “altermondialistes” et des naïvetés
contestataires, trois hommes debout tendent
un miroir à leur époque et constatent que, si nous
en sommes encore là, si rien n’avance comme on
le voudrait, il faudra quand même compter avec eux :
ils sont encore là. Et grâce à eux, tout n’arrête
pas de commencer. Gilles Tordjman
|