Quand
elle chante, l'esprit s'en va musarder du côté de
la rive gauche, au temps béni des cabarets. Sur ces scènes
de fortune, la truculente Juliette aurait pu lancer ses rimes
féminines sans détonner. Mais ce temps-là
est révolu, et c'est en marge du système actuel
que la chanteuse néoréaliste a dû tracer sa
route.
Dotée d'une infinie patience, elle se fabrique d'abord
un répertoire sur mesure, allant puiser dans les classiques,
notamment ceux de Boby Lapointe et d'Yvette Guilbert, avant d'écrire
ses propres chansons.
Et elle tourne, sans relâche, pendant plus de vingt ans.
La réussite est très progressive. En 1991, elle
reste à l'affiche du Théâtre de Dix-Heures
pendant quinze semaines. Huit ans plus tard, elle chante six soirs
consécutifs à l'Olympia devant une salle comble
et enthousiaste. Le public s'est ému, il a ri, il a admiré
l'étendue de cette voix, la diversité du répertoire
et cette agilité inouïe au piano. La foule s'est chaque
fois dressée pour saluer la performance.
L'album "Le festin de Juliette" , dont elle signe paroles,
musiques et arrangements, est sans doute le plus généreux
et le plus réjouissant de sa discographie. Il s'achève
par un repas garni de pains de sarrasin, d'olives de Turquie...
"Soyez mes invités au festin de Juliette."
Ecoutez
"Juliette" (extraits) :