Karimouche

Interview de Karimouche  dans les loges de la Bobine après le concert par Hélène et Elodie

Une débutante?....loin de là, Karimouche c'est un mélange de cultures, d'univers artistiques...un métissage d'une expérience plus que variée. Costumière, comédienne, danseuse, auteure,  La Bobine a accueilli une petite bonne femme qui ne fait pas que chanter.

Sa musique? c'est aux côtés de Germain Samba, batteur de Mei tei Sho qu'elle s'est construite. Elle s'inspire de la chanson française et n'oublie pas non plus sa culture hiphop. Elle investit la scène où se mêlent dans ces textes émotions, humour et talent.

Karimouche c'est  le"choc des cultures".
C'est drôle, inédit, touchant, avec du groove et du groove et du groooove !!!

Ce spectacle, c'est un mélange de plein de choses...c'est original et chaleureux. Il y a une intimité qui se crée entre le public et la scène, on a presque l'impression qu'on vous connait tous à la fin...

Comment vous êtes vous tous rencontrés?


Karimouche: En fait j'avais le projet, j'écrivais mes textes, je posais sur des instrus... sur Dr Dre, Imhotep, comme un rappeur en fait...et puis un jour, par hasard, j'ai rencontré Philippe Delmas, qui m'a aidé et me soutiens depuis. Après j'ai commencé à bosser sur une maquette avec Germain Samba de Mei Tei Sho et on a fait six titres pour pouvoir démarcher.

Au départ, je suis comédienne, j’étais au Nombril du Monde à Lyon. Après j’ai travaillé avec la Cie Käfig où c'était danse et création sur Terrain Vague, entre autres...Je chantais déjà, mais c'était pas ma priorité. Depuis le mois de septembre j'ai tout arrêté pour pouvoir m'y mettre.

La maquette était faite mais ce qui m’intéressait avant tout c'était de faire des concerts...d'abord pour la faire évoluer, ensuite, pour se trouver artistiquement. Et c'est ce qu'on a fait. Ensuite toutes les rencontres musicales ont aboutit à cette formation et la ligne artistique s'est construite. Ça donne un mix entre acoustique, électro et musique de rue.

Et d'où vient ton envie de passer du métier de comédienne, à la musique?


K: c'est un tout ! je suis pas l'un ou l'autre, j'aime tout, j'aime le visuel, j'aime la musique, l’écriture et le théâtre, c'est un ensemble...Pour moi, l'un ne va pas sans l'autre...L'interprétation en devient donc très importante.

 Ceci dit, je suis un peu une habituée de ce genre de virage. Avec Käfig quand on m'a pris dans la compagnie, le chorégraphe, Mourad Merzouki m’a vu plusieurs fois au théâtre. Ce qui lui a plu dans mon jeu c'est que je parlais énormément, tout en ayant une grande expression corporelle. C'est ce qui l'a séduit et il m’a proposé ce challenge de ne plus parler sur scène.

 Le but était d'aiguiser toutes les disciplines. Ce projet là, j'ai vraiment envie que toutes mes expériences vécues donnent ce que je donne. L'artistique est un tout, avec mon parcours, comédie, danse, costumes, écriture, je veux que mon projet soit le résumé de tout ce que j'ai appris, un tri de tout ce qu'ai j'ai envie de partager 

 

Ta chanson D'abord est une reprise de Brel. Tu en as changé le texte. Tu racontes une autre histoire en suivant la trame de la chanson malgré tout....

Pourquoi cette chanson là?

K: Pour le titre! Celle de Brel s’appelle Ces Gens Là, et j'aime les gens, j'aime les observer, j’aime parler d’eux. Mes gens c'est tout le monde, mes proches et ceux que je ne connais pas...Brel parlait des gens qui l’entouraient, moi je parle des gens qui m’entourent.

T’écris depuis longtemps ?

K: Oui, j'écris un moment déjà ! D’abord je l’ai écrite il y a sept ans par exemple. Et j’étais comédienne et auteure au Nombril du Monde pendant longtemps. J'aime écrire des histoires, des pièces. Les chansons que j'écris c'est des petites historiettes que j'ai envie de chanter.

Mais je collabore aussi, avec des personnes comme Jacques Chambon, qui est metteur en scène à qui j'ai commandé Firmin. Le thème, l’histoire d’une prostituée du début du siècle, me plaisait et je voulais en faire une chanson que je lui aie demandée.

Je travaille aussi avec des slameurs dont un, Lionel Lerch, que j'aime beaucoup et avec qui j’affute mon écriture, un travail ciblé, qui m’aide à désamorcer mon boulot.


 Et t'écris d'abord tes textes et ensuite la musique ou l'inverse?

K: Ca dépend vraiment des chansons. Certaines j'écris, d'autres je fais la rythmique et les mélodies comme Les Parasites que j'ai créée en faisant toutes les voix. Puis on reproduit et arrange avec les propositions des musiciens.


Donc t'es pas que sur les textes, tu va jusqu'à écrire la rythmique?

K: Sur certaines chansons oui, ou même sur des arrangements où certaines choses qui me dérangent. Mais je suis pas musicienne, donc je sais pas lire la musique, du coup je le chante. Je sais ce que je veux mais c'est parfois difficile à expliquer. On avance, on essaye de se comprendre,  de faire des mises en place...Après tu vois, on est nombreux, du coup y'a beaucoup de propositions des uns et des autres..comme pour Firmin par exemple, c'est Jérôme qui a composé...

Il y a une grosse part d'interprétation dans tes chansons, est ce que tu tendrais à théâtraliser un peu plus la scène?

K: Oui, mais c'est là où justement je me cherche. J'ai commencé par du One Woman Show et j'ai pas envie d'en refaire sur ce projet là. Y'a un juste milieu, un équilibre à trouver et je travaille dessus. J'ai envie en tout cas d'être proche des gens, j'aime créer de l'intimité...même sur des grosses scènes j'ai envie de garder cet univers là et cette ambiance d'où l'importance de la lumière et la mise scène...

Je créée, je me cherche et je me trouve!

Et t'as joué dans des grosses salles ou t'as réussi à retrouver cette intimité?

K: C'est toujours différent mais je fais tout pour créer cette intimité. Une première scène m'a beaucoup déstabilisée. T'as un petit bout de scène faut faire attention à tout, aux instruments, t'as des grosses baffles, des projecteurs, faut faire gaffes aux fils, parce que moi je suis Pierre Richard et c'est mieux d'éviter de tomber pendant le concert... !Ca s'est super bien passé mais ça reste très impressionnant.


Et le principal c'est de garder le sourire...

K: Exactement...et le ridicule ne tue pas…surtout ça…une fois que t'as compris ça...c'est tout bon!

Si t'avais à définir ton style?

K: Le choc des cultures...

Et on te donnera l'étiquette de celle qui fait tous les genres!

K: Mais c'est pas grave ça! Avoir un répertoire assez varié ça c’est important. Je pense à Brel qui pouvait faire des chansons graves comme Amsterdam ou Jeff, mais en avait des drôles comme Madeleine ou Les Bonbons. Il variait son répertoire. C'est ça qui me plait dans un show. J'aime être surprise, je déteste la routine. C'est un très de caractère qui revient dans ce que je fais...et dans mon parcours.

Du fait que je sois rebeu aussi, on m'associe facilement au Rnb ou hip hop. C'est pas parce que t'as grandi dans un quartier que tu n'écoutes que du hip hop ou du Rnb! J'ai été éduquée dans la chanson française, j'ai un oncle qui était aimait passionnément  Léo Ferré et petite, j'écoutais Aznavour et Brel avec mon père et la musique orientale aussi était présente. On est attaché à un espèce de cliché et ça m'énerve.

Souvent on te met une étiquette et quand on n’arrive pas à te ranger dans un tiroir précis ça dérange. Avec nous, c'est ce qui se passe, on ne peut pas me mettre d'étiquette parce que tout ce que je suis, c'est ce que je fait.

Ta musique en fait est une rencontre entre tes cultures, ton parcours et tes textes?

K: Exactement, le hip hop a forcement une grosse place, je fais pas tous les styles non plus,  je fais pas de la country! Mais c'est un mélange de tout ce que j'entends et de tout ce que j'aime que ce soit dans la musique, dans le texte et dans la façon de poser aussi.

Ce que j'essaie de faire c'est de ponctuer, pour moi ma musique c'est une ponctuation. Quand on interprète un texte, si t'es triste et qu'à l'autre couplet t'es heureux, faut que ça sente dans la musique. C'est vraiment ma direction artistique, je veux ponctuer je veux que ça groove...il se foutent de moi d'ailleurs parce que je veux que ça grooooove [avec l'accent sur ouuuuve] partout...C'est lent c'est pas grave j'veux qu'ça groove!

On sent effectivement des espèces de fenêtres au milieu des chansons....

K: Comme un film!...j'écris et je réfléchi comme ça d'ailleurs, comme un film...une histoire ou une pièce...et plus avec les nouvelles, le Petit Kawa c'était un peu ça. Je pense vraiment en court métrage. En écrivant j'imagine  les images comme une B.D.

Ce soir tu t'es sentie comment ?

K: Bien, c’était un petit lieu donc j’étais à l’aise et on commence à gagner en assurance. Le public était très bien, chaleureux et réceptif.

Au début de mes concerts, j'étais plus timide. Au théâtre j'avais beaucoup de textes, mais y'avait pas un retour, pas un pied de micro ça rend la scène très differente. En plus, tu te sens toute nulle, tu te dis ollallala les gens ils vont me juger...! et après au fur et à mesure ça vient. On s'est rodée pendant 15 jours dans un petit café théâtre à Lyon, Les Vedettes Secrètes, qui nous on programmés ce qui nous a permis d'être vraiment à l'aise....

Pourquoi ce passage de la comédie à la chanson t'as rendue si timide, c'est parce que tu présentais ton propre travail justement?

K: Oui parce que présenter tes chansons c’est pas comme jouer un texte. Tu présentes ton univers, des choses plus personnelles. Et je suis timide ! Surtout quand je suis en terrain inconnu.

Comment tu vois tes futurs projets ?

K: Je me concentre beaucoup sur celui là et après l'album au mois d'octobre. Je préfère faire des lives et l'album après...plutôt que l'inverse.  Et d’autres projets sont en tête…


Tu préfères le travail de scène ou en studio?

K: Je préfère la scène, mais j'aime aussi beaucoup le studio. Je m’y plais parce que ce n’est pas un univers complètement inconnu puisque je fais des doublages de voix depuis quelques temps déjà

Et je travaille en permanence avec mon ordi, ma carte son et mon micro ce qui me rapproche du  travail studio.

Tu travailles ta musique sur ordi?

K: Oui mais Je fais tout à la voix en la transformant, comme Jérôme à la basse. J’y met des effets pour faire une basse par exemple.

Il y a comme un petit côté artisanal....

K: Oui on fait de la musique Bio! Sans OGM...

Un coté artisanal, mais avec beaucoup d'instruments électroniques ?

K: Tout à fait mais j'ai envie que ce soit de l'électronique acoustique.

Et  une rythmique originale?

K: C'est là que Germain Samba intervient de plus en plus. Même si je crée des musiques et des rythmiques, je suis pas batteur. Germain qui est un excellent batteur m'amène à des rythmiques qui ne sont pas forcement attendues sur certains morceaux. On veut  surprendre. Sur Firmin par exemple j’aurai eu tendance à la faire en tango, Germain m’a trouvé un truc plus original. 

Il faut aussi trouver le juste équilibre entre beat box  et les machines .On cherche encore plus de mélodies et d'autres nouveaux sons électros.

En tout cas c'est un beau mix de plein de choses...
Tu aimerais développer l'anglais?

K: En yaourt oui, en anglais non, en berbère pourquoi pas. Je trouve que c’est une belle langue qui est très mélodieuse. Et ça fait partie de mes origines.

Tu reviendras à la Bobine?

K: oui et je ferai peut-être même du beat box!

Merci beaucoup Karimouche


K: Merci à vous!